Vexin normand, la machine à laver

« Lave plus blanc que blanc ! », slogan publicitaire des années 50 de la marque OMO (Old Mother Owl ou Vielle Mère Hibou en français).

 

Après probablement des semaines sans rouler, et donc très certainement couverts de poussières ; le temps était venu de tester cette lessive au slogan accrocheur sur le couple d’amis accompagnateurs pour ce road trip (je n’ai pas fini d’en entendre parler de cette phrase :-) !).

 

Fort, est de constater que je n’ai pas lésiné sur les moyens en eau pour arriver à mes fins. En eau uniquement, car OMO n’étant plus facilement disponible, je n’avais pas les enzymes gloutons nécessaires et encore moins de Mère Denis au bord de la route ; vu le temps de chien ! Et puis bon, « Lave plus blanc que blanc ! »,  tu as déjà vu un motard habillé tout en blanc toi ?

 

Le thème de ce road trip était donc le Vexin normand. Le Vexin normand est un pays agricole, véritable grenier à blé et à betterave de la Normandie. Déployé en bord de Seine, vallonné, il offre des pays pittoresques aux paysages bucoliques ; comme le plateau du Vexin, le Vexin bossu, la vallée de l’Epte…

 

Le point de départ de ce nouveau roulage était donné aux écluses de Poses. Nous avons ensuite longé la Seine sur sa rive droite par la D19 après Romilly-sur-Andelle jusqu’au Petit Andely, son pont suspendu et son Château Gaillard. L’occasion pour nous de découvrir les nombreux points de vue comme les panoramas de Plessis et de Thuit malheureusement bouchés ce matin-là, et le Moulin d’Andé fermé. Vous voyez le tableau !

Poses est une ville batelière des bords de Seine. Depuis des siècles, la halte batelière de Poses vit au rythme de la Seine et du va-et-vient incessant des bateaux. Avant la construction du barrage et de ses écluses entre 1878 et 1881, la puissance et le dénivelé de la Seine étaient tels que les bateaux devaient être tirés sur les chemins de halage par des hommes puis par des chevaux. Des générations de mariniers se sont succédées à Poses : haleurs et charretiers de rivière, reconvertis au temps des bateaux à vapeur en capitaines de remorqueurs, ont facilité le transport fluvial jusqu’à la construction du barrage. Aujourd’hui, le barrage et les écluses s’étendent sur 235 mètres de long et constituent une curiosité à part entière pour les petits et les grands. Une passerelle surmontant l’ensemble des installations permet le passage des piétons et cyclistes au-dessus du fleuve.

Le pont suspendu des Andelys franchit la Seine sur une longueur de cent cinquante mètres, reliant Port Morin au Petit Andely. D’une portée de 146 mètres, sa construction a été achevée en 1947. 

Centre religieux important de l’ère gallo-romaine et petit village de pêcheur, le Grand et le Petit Andely se sont rapprochés au cours des siècles pour former la ville actuelle. Position stratégique surplombant un méandre de la Seine, les Andelys ne pouvaient que susciter la convoitise d’une couronne de France désireuse de se frayer un chemin vers la mer. Entre 1196 et 1198, Richard Cœur de Lion, Roi d’Angleterre et Duc de Normandie, fit donc ériger Château Gaillard sur une falaise pour protéger le duché et Rouen, sa capitale. Véritable chef-d’œuvre de l’architecture militaire en avance sur son temps, la forteresse ne résistera cependant pas aux assauts de Philippe Auguste en 1204. Repris par les Anglais au cours de la guerre de Cent Ans, le fort est définitivement abandonné devant les progrès de l’artillerie.

 

C’est ici que le soleil a commencé à montrer le bout de ses rayons, permettant à notre lessive bien rincée de commencer à sécher et pour nous de pique-niquer au sec.

Notre destination de cette première après-midi était Gerberoy, par Lyons-la-Forêt puis la D316, la D916 et la D930 pour terminer. Deux rinçages valant mieux qu’un, c’est mouillé que nous sommes arrivés à Gerberoy presque déserte ; sympathique petite compensation !

 

À moins de deux heures de Paris, c'est bien de la Picardie et de la Normandie que l'on trouve dans les maisons de Gerberoy où torchis à colombages et hourdis de briques se côtoient dans un mélange plein de charme… L’histoire aurait pourtant pu être moins belle pour Gerberoy : sa situation stratégique sur une butte à la frontière entre les anciens royaumes de France et d’Angleterre en firent, du XIe au XVe siècle, le lieu de nombreux conflits. C’est en 1901 que le peintre postimpressionniste Henri le Sidaner, tombé sous le charme de Gerberoy, réveille la belle endormie. Source d’inspiration à nombre de ses toiles, le village devient rapidement le lieu de résidence du peintre qui s’implique dans sa restauration. Ainsi, il crée les magnifiques jardins à l’italienne, établis sur les ruines du château édifié au XIXe siècle et toujours visibles depuis les remparts.

Le bivouac salutaire pour nos chaussettes et tout ce qui n’avait pas séché était situé à Chaumont-en-Vexin. La liaison depuis Gerberoy a été très agréable, ensoleillée et très colorée ; une belle carte postale. L’hôtel Saint-Nicolas installé dans un ancien relais de poste en pierre et en bois a été une belle surprise, calme et très confortable.

 

Le dîner, lui aussi bien arrosé s’est passé autour d’un appareil à raclette, de plateaux de fromage et charcuterie ; merci le coffre du side !

 

Notre seconde journée promettait de belles découvertes, elle fut à la hauteur !

 

Pour commencer Gisors et son château, le moulin de Fourges via la superbe D146 depuis Dangu (autrement appelée la vallée de l’Epte) et enfin le château de la Roche-Guyon étaient les animations du matin. À noter que le soleil a été très généreux tout au long de cette seconde journée ; lunettes de soleil et crème solaire remplaçant les combinaisons de pluie.

 

Le château de Gisors est un ancien château fort, construit entre la fin du XIe et le XIIe siècle. Il offre un témoignage privilégié de l'architecture castrale de ces siècles. Cette forteresse, véritable place frontière et verrou oriental de la Normandie, s'inscrit dans une vaste campagne de fortifications de la vallée de l'Epte, limite naturelle entre le Duché de Normandie et les possessions françaises.

Construit à la fin du XVIIIe siècle, le Moulin de Fourges est un lieu magique à l'architecture inspirée du hameau de la Reine Marie-Antoinette au château de Versailles. Situé à dix minutes de Giverny, ce site classé offre un cadre bucolique à souhait avec son jardin au bord de l'Epte. En 2021, le Moulin de Fourges se métamorphose pour accueillir neuf chambres luxueuses au sein de sa bâtisse historique. Des chambres où les artistes peintres du Vexin Normand sont à l'honneur.

À une heure de Paris, au cœur d’un des sites les mieux préservés d’Île-de-France, entre Vétheuil et Giverny, le château de La Roche-Guyon étage son imposante silhouette des rives de la Seine au sommet de la colline. Adossée depuis le Moyen-Âge à la falaise de craie, cette ancienne forteresse s’est métamorphosée au fil des siècles, confrontant avec élégance les styles architecturaux. Du donjon médiéval aux écuries du XVIIIe siècle, des premiers espaces troglodytiques au Potager-fruitier et au Jardin anglais, des salons d’apparat aux casemates aménagées par Rommel, le château nous propose un étrange voyage dans le temps.

Le temps passe vite et le début d’après-midi était déjà bien entamé lorsque nous nous sommes dirigés vers Vernon dans l’Eure et son Vieux Moulin ; via la D100, la D915 puis la D6015 depuis la Roche-Guyon. Le Vieux Moulin est un ancien moulin à eau, devenu emblème de la ville, en bordure de la rive droite de la Seine. Il défie le temps et la physique ! C’est un ancien moulin à eau à roue pendante qui ressemble désormais à une simple maison à colombages. Il est situé sur un pont médiéval du XIIe siècle qui enjambait la Seine. La roue pendante d’un moulin a été imaginée pour être réglable en hauteur et ainsi s’adapter au niveau de la Seine qui était très variable pendant des siècles avant l’installation de barrages.

C’est par la somptueuse vallée de l’Eure, pour nous entre Pacy-sur-Eure et Louviers que c’est terminé ce nouveau road trip.

 

Nous sommes rentrés relativement tard à la maison, ayant profité d’un dernier pique-nique au bord du lac de l’Onglais, ; après avoir traversé plusieurs fois l’Eure pour contempler ses différents ponts, lavoirs, moulins et autres belles propriétés.

 

488 kilomètres pour une consommation moyenne de 7.9 litres / 100 kilomètres.

 

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